Pourquoi le comportement de mon enfant change-t-il au gré des absences et présences du papa militaire?

Mili conseil n°3

Miliwife Journal

6/7/20234 min read

woman holding girl near body of water
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Problématique posée à notre conseillère conjugale et familiale:

"Nous avons un petite fille de 4 ans qui me fait la « misère » quand son papa, militaire et donc souvent absent, est là.

En sa présence, elle change littéralement de comportement avec moi. Elle n’est vraiment pas douce, elle n’écoute pas et ne lâche absolument pas son papa."

Réponse donnée:

A la lecture de cette situation, le lien se fait de façon assez naturelle avec la notion du complexe d’Oedipe (décrit par S. Freud en référence au mythe de l’Antiquité grecque). Il s’agit de cette période, située entre 3 et 6 ans, où l’enfant éprouve des sentiments amoureux vis à vis du parent du sexe opposé et de l’adversité pour l’autre. Mais progressivement l’enfant va sortir de cette relation exclusive ( celle créée avec le parent « chéri » ) et explorer tous les possibles. Il comprend qu’aimer d’ autres personnes n’enlève rien à la relation préalablement investie.

Pendant cette période, les parents doivent rester solidaires, ( et oui encore ! ) et sur la même longueur d’onde. Il est important que l’enfant comprenne où est sa place, sans se sentir rejeté. D’où le rôle du parent séparateur, de la tierce personne, qui permet à l’enfant de ne pas occuper une place qui n’est pas la sienne. Il faut pouvoir lui expliquer, par exemple, qu’il peut venir faire un câlin dans le lit conjugal mais qu’il ne peut pas y passer la nuit, à la place de papa ou de maman.

Les choses doivent être clairement dites avec bienveillance et fermeté.
L’enfant doit pouvoir se situer dans cette relation triangulaire : l’amour du couple, qui lui servira de modèle et qui le sécurise, et l’amour qui circule entre lui et chacun de ses parents.

Mais, outre cette notion du complexe d’Oedipe, cette situation me fait également penser aux enfants qui peuvent être de vrais anges lorsqu’ils sont confiés aux grands parents, par exemple, et qui redeviennent de véritables démons dès que les parents réapparaissent. Et pourtant, non, vous n’êtes pas de mauvais parents ! Bien au contraire ! Car si vos enfants redeviennent de vrais diablotins dès que vous réapparaissez, c’est tout simplement parce qu’avec vous, ils s’autorisent à lâcher la pression et à redevenir eux-mêmes.

Je m’explique : vos enfants peuvent adopter un comportement irréprochable lorsqu’ils sont sur leurs gardes, lorsqu’ils se sentent investis d’une lourde responsabilité ( prendre soin du petit frère) ou lorsqu’on leur met la pression.
Ils peuvent aussi adopter ce comportement lorsqu’ils ne se sentent pas en sécurité, quand ils ne savent pas à quoi s’attendre en cas de débordement, cela s’apparente à de la crainte. Certains enfants vont tester les limites, d’autres restent méfiants. Ils jouent donc un rôle, celui qu’ils se sont attribué ou celui qui leur a été imposé.

Vous comprendrez aisément que lorsque vous êtes de retour, l’enfant, qui vous connaît par cœur, peut enfin se laisser aller et lâcher toute la pression accumulée. C’est donc le retour du petit diablotin qui vous en veut un peu, c’est vrai, de l’avoir mis dans cette situation. Il sait qu’avec vous, il peut redevenir lui-même. Il est en sécurité, il connaît vos limites, les règles du jeu sont claires et plus rassurantes.

Pour revenir à la situation du départ, je dirais que cette petite fille peut se poser des questions concernant les absences de son papa et penser, à tort bien sûr, que son comportement peut amener son papa à prendre le large. Elle souffre de ses absences et fait tout ce qui est en son pouvoir pour donner envie à son papa de rester ...ou tout du moins, ne pas lui donner de raison de repartir. Elle l’accapare pour ne pas le laisser s’échapper, lui donne tout ce qu’elle peut. Mais cela lui demande une énergie folle et nous comprenons assez facilement qu’elle a besoin de lâcher cette pression. Elle ne peut se le permettre avec son papa mais se l’autorise sans aucune crainte avec vous. Elle sait qu’elle peut compter sur votre amour inconditionnel.

Et donc que faire ? La rassurer, mettre des mots sur les absences de papa et le fait qu’elle n’y est pour rien et que son comportement n’y changera rien. Mettre en place des soupapes de sécurité, c’est à dire des moments et/ou activités qui lui permettent de relâcher toute cette tension, des petits rituels, moments privilégiés à partager entre filles. Il me semble aussi évident que le papa a un rôle à jouer pour faire disparaître les non-dits et permettre à la relation père-fille d’être la plus authentique possible. La maman doit rester patiente, ce n’est qu’une période difficile à traverser, des jours plus radieux vont arriver. Mais surtout soyez rassurée, votre fille ne vous rejette pas, bien au contraire.

« Quand vous regardez dans les yeux de votre mère, vous savez que c’est l’amour le plus pur que vous pouvez trouver sur cette terre. » Mitch Albom

Maurine, votre fée des familles